Pourquoi je quitte Facebook et WhatsApp

Ce­la fait un mo­ment que ça me trotte dans la tê­te, mais j’ai en­fin dé­ci­dé de ces­ser d’uti­li­ser les ser­vices de Me­ta, comme je l’ai dé­jà fait pour ceux de Twit­ter/X, il y a quelques temps.

Le déclencheur ?¶

C’est bien sûr l’élec­tion de Trump et la mise au jour du pro­gramme fas­ciste as­so­cié¹, c’est le sa­lut na­zi d’Elon Musk lors de l’in­ves­ti­tu­re, ce sont les dons en di­zaines de mil­lions d’eu­ros de Me­ta et d’autres com­pa­gnies à Trump.

C’est aus­si de com­prendre que l’élec­tion de Trump a été fa­vo­ri­sée par les orien­ta­tions don­nées au ré­seau so­cial X par Musk. Et de voir que l’élec­tion a peut-être été tru­quée² (les moyens fi­nan­ciers mo­bi­li­sables le per­mettent ai­sé­ment si l’on sait que le vote uti­lise des ma­chines à vo­ter élec­tro­ni­ques).

Le constat¶

Je ne suis pas sur­pris par ces dons, ni par le fait que Mark Zu­cker­berg marche dans les pas de Trump. Le ca­pi­ta­lisme a tou­jours ai­mé l’ex­trême droi­te, quand il ne l’a pas fa­vo­ri­sé.

Je ne suis pas sur­pris par la triche pro­bable lors des élec­tions, au vu de l’uti­li­sa­tion de ma­chines de votes in­for­ma­tiques.

Je suis dé­çu de voir la tour­nure que prennent les ré­seaux so­ciaux cen­tra­li­sés pour col­ler aux at­tentes mas­cu­li­nistes³ et fas­cistes de Trump et de ses af­fi­dés, no­tam­ment en ce qui concerne la dis­cri­mi­na­tion et l’in­vi­si­bi­li­sa­tion des mi­no­ri­tés.

Il nous ap­par­tient néan­moins d’en ti­rer les consé­quences.

Les conséquences¶

Res­ter sur ces ré­seaux, dont la dif­fu­sion des posts est contrô­lée par un al­go­rithme conçu sous une di­rec­tive fas­ci­sante⁴ ou au moins com­plice du fas­cis­me, re­vient à ac­cep­ter ce contrôle et à fi­nan­cer leur fonc­tion­ne­ment. Ce­la re­vient à don­ner son ac­cord pour la dis­cri­mi­na­tion des mi­no­ri­tés.

Ces ré­seaux fonc­tionnent en ven­dant de la pu­bli­ci­té ci­blant vos ha­bi­tudes.

Res­ter sur ces ré­seaux re­vient à fi­nan­cer Trump.

Comme il est dé­jà né­ces­saire de chan­ger son mode de consom­ma­tion pour boy­cot­ter les mul­ti-na­tio­nales pol­luan­tes, cli­ma­ti­cide et éco­ci­de, en consom­mant lo­cal et bio au­tant qu’il est poss­si­ble, il est main­te­nant né­ces­saire de chan­ger son mode de consom­ma­tion des ré­seaux pour évi­ter ceux qui fi­nancent le fas­cisme. Ce n’est plus « ­vo­ter avec son porte-mon­naie », mais « ­vo­ter avec ses usages nu­mé­ri­ques ».

L’action¶

L’ac­tion est sim­ple : fer­mer ses comptes des ré­seaux cen­tra­li­sés comme Fa­ce­book, Whas­tApp, Ins­ta­gram, X et pas­ser à des ré­seaux fé­dé­rés, dont les ser­veurs ne sont plus gé­rés pas une en­tre­prise ca­pi­ta­lis­te, mais pas des as­so­cia­tions, des col­lec­tifs ou des in­di­vi­dus.

À la place de Fa­ce­book et X, vous pou­vez uti­li­ser Mas­to­don.

À la place d’ins­ta­gram, vous pou­vez uti­li­ser Pixel­fed.

À la place de Whas­tApp, vous pou­vez uti­li­ser si­gnal. Qui est en­core cen­tra­li­sé, mais aux mains d’une so­cié­té à but non lu­cra­tif.

Comment on fait ?¶

On uti­lise des ap­pli­ca­tions fé­dé­rées au lieu d’ap­pli­ca­tions cen­tra­li­sées. L’avan­ta­ge, c’est qu’elles sont dé­jà bien uti­li­sées et donc on y trouve du monde. L’autre avan­tage est qu’elles uti­lisent le même pro­to­cole Act­vi­ty­Pub et qu’elles peuvent in­ter­agir entre elles (c’est comme si vous pou­viez suivre des comptes de Fa­ce­book et Ins­ta­gram sur votre compte X).

Quitter X et Facebook¶

Vous pou­vez uti­li­ser Mas­to­don, qui est un ser­vice dé­cen­tra­li­sé et fé­dé­ré. Vous de­vez alors choi­sir un ser­veur au­quel vous abon­ner, sa­chant que vous pour­rez in­ter­agir avec les abon­nés de tous les ser­veurs mas­to­don, qui com­mu­niquent entre eux. Chaque ser­veur a ses règles de mo­dé­ra­tion. Je vous re­com­mande par exemple le ser­veur piaille.­fr.

Il existe plu­sieurs ap­pli­ca­tions mo­biles ou web pour in­ter­agir avec Mas­to­don. J’uti­lise Mo­shi­don sur An­droid et j’aime Pha­ny sur le web.

Comme il n’y a pas d’al­go­rith­me, c’est à vous de construire votre ré­seau. Vous pou­vez com­men­cer par vous abon­ner à des mots clefs qui vous in­té­res­sent, et en­sui­te, par­cou­rir le flux lo­cal des pu­bli­ca­tions de votre ser­veur et vous abon­ner à quelques per­sonnes dont les pu­bli­ca­tions vous in­té­ressent.

Les groupes de Facebook peuvent être émulés par l’utilisation de mots clefs (comme #LaTourDAigues), mais vous pouvez aussi trouver un comportement plus proche de Facebook avec l’application décentralisée friendi.ca (que je n’utilise pas).

Quitter Instagram¶

Il existe une al­ter­na­tive fé­dé­rée à Ins­ta­gram, qui s’ap­pelle Pixel­fed et qui fonc­tionne sur le même prin­cipe que Mas­to­don : vous vous ins­cri­vez sur un ser­veur que vous choi­sis­sez et en­sui­te, vous avez ac­cès aux pu­bli­ca­tions des membres de tout le ré­seau fé­dé­ré.

Quitter WhatsApp¶

Il existe plu­sieurs ap­pli­ca­tions de mes­sa­ge­ries fé­dé­rées ou dé­cen­tra­li­sées :

• Ma­trix.org,
• Sim­pleX très orien­té sé­cu­ri­té et vie pri­vée,
• Briar en mode paire à pai­re, orien­té sé­cu­ri­té,
• …

Toutes ces ap­pli­ca­tions sont très bien et je les re­com­man­de, mais il est dif­fi­cile d’y trou­ver des per­sonnes que l’on connait dé­jà (c’est la contre­par­tie de la pro­tec­tion de la vie pri­vée). Ils sont moins uti­li­sés que What­sApp.

L’autre ap­pli­ca­tion qui sort du lot en terme d’uti­li­sa­tion est Si­gnal qui est une ap­pli­ca­tion cen­tra­li­sée, mais gé­rée par une fon­da­tion à but non lu­cra­tif (elle vous sol­li­ci­te­ra de temps à autre pour un don), qui a des fon­de­ments tech­niques as­sez sains en termes de res­pect de la vie pri­vée.

Je vous re­com­mande cette ap­pli­ca­tion dans un pre­mier temps.

Une raison supplémentaire de quitter WhatsApp¶

What­sapp pu­blie un pa­pier qui dé­crit le chif­fre­ment uti­li­sé. Dans la ver­sion de 2017, il était dit : « En au­cun cas le ser­veur n’a ac­cès aux clefs pri­vées du client » (ce qui as­sure bien la confi­den­tia­li­té des échan­ges). Cette men­tion a dis­pa­ru dans la ver­sion de 2020 (et n’a pas re­pa­ru dans la der­nière ver­sion.

Je vous laisse en ti­rer les conclu­sions, mais s’ils ont ac­cès à la clef pri­vée de l’ap­pli­ca­tion, alors ils ont ac­cès au conte­nu de tous vos mes­sages.