Journalisme, politique, mensonges et démocratie

« Les jour­na­listes ne croient pas les men­songes des hommes po­li­ti­ques, mais ils les ré­pètent ! C’est pire ! » — Co­luche

*©sauvageonne, cc-by_nc-nd*

Per­met­tez-moi tout d’abord, de re­mer­cier la ré­gion PA­CA qui par son sous-équi­pe­ment chro­nique en terme de trans­port en com­mun  [1] me per­met chaque ma­tin d’écou­ter pen­dant une à deux heures la ra­dio dans l’am­biance pai­sible et bu­co­lique des em­bou­teillages pro­ven­çaux.

C’est dans ce cadre et en pleine af­faire des Rom­s, lun­di 6 sep­tembre der­nier, que j’écou­tai le nou­veau Pa­trick Co­hen  sur la ma­ti­nale de France- In­ter avec son in­vi­té, Fran­çois Fillon. Ce der­nier y a pro­fé­ré un cer­tains nombre de pro­pos qui m’ont in­ter­pel­lé d’au­tant plus qu’ils ont été su­per­be­ment igno­rés de l’ani­ma­teur [2].

Je pense que c’est à cet ins­tant que je me suis pour la pre­mière fois po­sé la ques­tion d’un pos­sible im­pact né­ga­tif du jour­na­lisme sur la dé­mo­cra­tie.

Jus­qu’à main­te­nant, j’étais per­sua­dé que le jour­na­lisme et son in­dis­so­ciable in­dé­pen­dance, sont in­dis­pen­sables à une bonne san­té dé­mo­cra­tique. Mais tout à coup je me suis ren­du compte qu’il y a jour­na­lisme et jour­na­lisme.

En par­ti­cu­lier, je ne peux pas ima­gi­ner un rôle po­si­tif dans la dé­mo­cra­tie au jour­na­lisme épin­glé par Co­lu­che, qui contri­bue à la pro­pa­ga­tion d’er­reurs, ou de men­songes pro­fé­rés par nos homme po­li­tiques. « Des men­son­ges ? Comme-il y va » pen­sez-vous.

Je vais me per­mettre ici une toute pe­tite énu­mé­ra­tion re­le­vée ces der­nières an­nées :

Ce­ci étant dit, que peut-on faire ? Les jour­na­listes n’au­ront que ra­re­ment les moyens de s’en­tou­rer des ex­perts qui sau­ront ré­fu­ter à la se­conde les chiffres ima­gi­nai­res ­bran­dis ­par l’in­ter­viewé, qui se voit bien heu­reux d’avoir carte blanche pour dé­bi­ter men­songes et ­pe­ti­tes er­reurs qui fe­ront dou­ter les au­di­teurs.

Je vois deux so­lu­tions :

  1. in­­ter­­dire les émis­­sions en di­­recte et ne pu­­blier que des émis­­sions mon­­tées et cor­­ri­­gées des chiffres pour les­­quels la source est don­­née,

  2. mettre en place un sys­­tème d’ex­­ter­­na­­li­­sa­­tion ou­­verte  (­­crowd­­sour­­cing), per­­met­­tant de re­­mon­­ter en temps-réel, ou pres­­que, les énor­­mi­­tés é­­non­­cées par les in­­vi­­tés des émis­­sions en di­­recte. Ce sys­­tè­­me, re­­po­­sant sur une large base de bé­­né­­voles et pas­­sion­­nés, per­­met­­trait aux jour­­na­­listes de re­­bon­­dir très ra­­pi­­de­­ment après les va­­ti­­ci­­na­­tions de l’in­­vi­­té mais aus­­si aux au­­di­­teurs de se faire ra­­pi­­de­­ment une idée de la qua­­li­­té des pro­­pos énon­­cés.

La pre­mière est illu­soire. Pour la deuxiè­me, rien n’existe au­jour­d’hui à ma connais­sance. Un fu­tur billet ap­pron­fon­di­ra (ou pas) les li­mites du su­jet.

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